La sonnette d’alarme a été tirée par WWF il y a quelques jours, à l’occasion d’une grande rencontre qui a regroupé les Osc, les médias et les pouvoirs publics.
D’après les services de conservation, le Cameroun n’échappe pas à cette catastrophe d’ampleur mondiale malgré ses multiples potentialités. Selon les statistiques du ministère de l’Environnement de la protection de la nature et du développement durable (Minepded), il existe au pays 7850 espèces vasculaires, dont 514 sont endémiques (retrouvées uniquement au Cameroun). On dénombre également près 303 espèces de mammifères, 285 espèces de reptiles, 199 espèces amphibiens, 613 espèces de poissons d’eau douce, dont 146 endémiques. 968 oiseaux ont en outre été flashés au Cameroun jusqu’en 2013.
L’ampleur du phénomène est telle qu’environ 10% des espèces végétales et 815 espèces sauvages sont menacées d’extinction. 50% d’espèces végétales dans les points chauds sélectionnés des écosystèmes montagneux et forestiers sont en voie de disparition. 30% de perte de la richesse florale de certains hauts plateaux et 30% de pertes des mangroves dans les zones côtières et maritimes sont aussi enregistrés.
D’après Gilles Etoga, qui est directeur de la conservation a WWF Cameroun, « On a des indicateurs clairs. Entre 1970 et maintenant, on a perdu 68% des espèces. Quand on fait une extrapolation, quand on voit les tendances, si en 40 années on a perdu 68%, d’ici dix ou vingt ans on a aura perdu à la limite la totalité de la biodiversité que nous avons sur la terre. C’est pourquoi il est urgent, et dès maintenant, de commencer à agir. » Avertit-il.
Les spécialistes de la question de la conservation évoquent au rang des grandes menaces qui pèsent sur cette biodiversité, la surexploitation des ressources et l’agriculture, l’utilisation non durable des terres, les changements climatiques, la croissance démographique, entre autres. Il en est ainsi par exemple de ces techniques agricoles non durables pratiquées autour des aires protégées qui concourent à l’érosion de la biodiversité. Il est en outre déploré un niveau d’information et de connaissance très faible sur la biodiversité et sa valeur pour le bien être humain. « L’air que nous respirons actuellement, il est pur parce que nous avons une biodiversité qui est riche. L’eau que les gens boivent en zone rurale, elle est pure parce qu’on a la biodiversité. La nourriture, la pharmacopée, les soins de santé. Tout ça ce sont des choses qui proviennent de la diversité biologique à savoir les espèces, les gênes et les écosystèmes », explique Gilles Etoga.
Les organisations de la société civile sont appelées à contribution, grâce à un plaidoyer constant auprès des décideurs et autres acteurs-clés.
Irénée Modeste Bidima