La tenue de la Cop 28 à Dubaï en fin d’année dernière, a donné l’occasion de remettre sur la table le rôle crucial que peuvent jouer les cuiseurs solaires dans la lutte contre la déforestation et les changements climatiques.
Le cuiseur solaire encore appelé cuisinière solaire ou four solaire, est un système de cuisson captant le rayonnement infrarouge du soleil pour sécher, chauffer, cuire, torréfier ou pasteuriser des boissons et d’autres aliments. Cette équipement est testé et même vulgarisé depuis plus d’une quinzaine d’années dans la zone septentrionale du Cameroun, mais sans pour autant franchir un cap décisif d’adoption dans les ménages. Plusieurs modèles ont été fabriqués par les chercheurs locaux, n’ont pas connu un meilleur succès. Pourtant cette solution énergétique à moindre coût pour les foyers, peut valablement remplacer le feu de bois et autres cuisinières à gaz, qui servent à cuire les aliments.
Solar Cookers International (SCI), une organisation qui produit et promeut l’utilisation de différents modèles de cuiseurs solaires à travers le globe, a profité de cet évènement pour démontré la pertinence de ces équipements. Cela s’est fait le 11 décembre dernier par l’entremise de Priscilla SONG, qui est le point focal du Commonwealth au Ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement Durable (Minepded).
Elle a argumenté sur la capacité de cette forme de cuisson des aliments et de potabilisation durable de l’eau, à substituer ou compléter les sources d’énergie fossiles (gaz, pétrole, charbon..), ainsi que leur utilité dans la réduction du déboisement et donc en matière d’adaptation au changement climatique. D’après l’intervenante, Cette prise de parole publique dans une tribune internationale comme la COP28 visait entre autres à:
– Marquer officiellement l’intérêt du Cameroun pour les dispositifs de cuisson durables, et parler de l’expérience du Cameroun en la matière.
– présenter le modèle ORES free energy cooker Cuiseur solaire qui a été développé et expérimenté avec succès dans certaines zones rurales du Cameroun.
– susciter l’adhésion et une collaboration multiforme avec des partenaires de divers horizons, afin de soutenir le développement puis la multiplication de ces solutions porteuses d’espoir, surtout dans les régions abondamment ensoleillées du pays.
L’adoption à une grande échelle nécessite des gros moyens que seul l’Etat peut fournir.
Il faut noter que quelques jours auparavant lors de cette COP28, le Ministre en charge de l’Environnement M. HELE Pierre accompagné de quelques proches collaborateurs, avaient visité le stand d’exposition de Solar Cooking International. Monsieur le Ministre avait alors eu l’occasion de voir de plus près les différents spécimens de cuiseurs solaires et leur adaptabilité en contexte Camerounais.
Selon des statistiques de 2017, les énergies alternatives utilisées au Cameroun sont par ordre d’importance le bois de chauffage, le gaz domestique, le pétrole lampant et le charbon de bois. Le bois est le combustible pour la cuisine de 70% de ménages. Cette proportion est de 92% de ménages en milieu rural. D’après le Ministère des Forêts et de la Faune, plus de 2 millions de tonnes de bois et 375 000 tonnes de charbon de bois sont utilisées chaque année au Cameroun. Les forêts sont surexploitées et se dégradent de plus en plus, surtout autour des grandes agglomérations comme Maroua, Douala, Yaoundé, etc. Ce qui entraîne une augmentation des températures, des inondations et une perturbation du calendrier des activités agricoles.
L’ONG suisse Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD) a vulgarisé des fours solaires pour la cuisson auprès des ménages des villages de l’Extrême-Nord Cameroun il y a une dizaine d’années. L’expérience a été concluante, mais l’adoption de cette technologie à une grande échelle nécessite des gros moyens que seul l’Etat peut fournir.
Irénée Modeste BIDIMA