L’activité a pris son envol à Bertoua 1er et dans les villages Gouekong, Mandjou, Adinkol et Ndemba 1 grâce à un financement de l’Agence Française de Développement.
En l’espace de 12 mois, 82 pisciculteurs opérationnels dont 11 femmes ont mis en place 163 étangs d’une superficie totale de près 44 hectares, pour une vente de 4 tonnes de poissons frais pendant les fêtes de fin d’année dernière. Tel est le premier bilan de ces aquaculteurs encadrés par l’Ong Apdra dans le cadre du programme de développement des filières piscicoles. Les espèces produites sont en grande majorité le tilapia, le kanga et la carpe commune. Certains ont saisi cette opportunité pour leur reconversion, à l’instar d’Abade, une ancienne infirmière qui se réjouit aujourd’hui de récolter régulièrement du poisson pour nourrir sa famille et de s’assurer progressivement des lendemains moins stressants sur le plan financier. Etina natif de Gouekong 2 à une quinzaine de km de Bertoua quant à lui déclare qu’il a successivement capturé 50, 120 puis 200 kg de poisson dans son étang. « Ce sont des résultats qui ne trompent pas » confie le journaliste en langue locale à la Station régionale de Crtv pour l’Est.
L’autre grande particularité de ce projet, c’est la pratique de la pisciculture associée à la riziculture. « Le riz irrigué est semé au dessus de l’étang, sa paille est une excellente source de carbone pour les poissons » explique Essang Thaddée, l’un des techniciens de Apdra. En plus du poisson frais, les éleveurs récoltent donc aussi du riz, ce qui est une source supplémentaire de revenus et d’approvisionnement pour les ménages.
Intégrer les jeunes et plus de femmes.
Pour Apdra, les résultats obtenus à ce jour sont encourageants, mais peuvent significativement améliorés. Selon le chef de projet Faouzi Kilembe : « les pisciculteurs ne respectent pas toujours les consignes de nos techniciens sur le sexage, ce qui a pour incidence de réduire les rendements des étangs » déclare t-il. Il faut aussi souligner les conséquences de la longue saison sèche que connaît la région de l’Est cette année. « Le niveau d’eau des étangs a fortement baissé et ceci a abondamment favorisé la prédation des poissons» indique à nouveau Essang Thaddée.
Une difficulté à la dynamique qui est insufflée, c’est le désintérêt des jeunes pour l’activité. Ils estiment qu’il y a trop d’efforts à fournir et il faut du temps pour percevoir les premiers dividendes. Apdra et ses aquaculteurs entendent développer des stratégies pour intégrer cette tranche d’âge de la société et davantage de femmes dans le projet.
En ce qui concerne l’insuffisance de moyens additionnels pour un plus grand soutien du travail effectué, les pisciculteurs sont conviés à ne plus travailler dans l’anonymat, mais à former des groupes et à se faire connaître d’autres acteurs institutionnels pour des appuis multiformes comme le Minepia Est, ACEFA Est et leurs mairies respectives.
Irénée Modeste Bidima