Cameroun : L’élevage des vers blancs ne tient pas toujours ses promesses.

De nombreuses formations sur la production de cet insecte  savoureux sont organisées ici et là à grand renfort de publicité. Mais sur le terrain, l’activité peine véritablement à décoller.

Les formations sur l’élevage d’hannetons encore appelés Foss ou vers blancs sont parmi celles qui suscitent le plus d’attrait  en ce moment. Un tour sur les réseaux sociaux suffit pour s’en convaincre. Les atouts de cet élevage non conventionnel sont nombreux pour convaincre les plus sceptiques : il occupe peu d’espace, a un cycle court, requiert un petit investissement de départ. Ses produits sont très prisés des consommateurs, il est peu exigeant au temps à lui consacré. Un bon filon que des promoteurs de formation ont rapidement flairé et ce eux en réalité qui font de bonnes affaires et non les éleveurs.

Une immersion dans le milieu présente pourtant un visage peu reluisant : la grande majorité de personnes formées délaissent leur activité seulement après quelques mois d’exercice. L’on a de la peine à dénicher à Yaoundé ou Douala, des élevages de vers blancs opérationnels.

Serge Kamga, responsable de Forma JEC (Jeunes entrepreneurs Camerounais) une entreprise locale ayant déjà formé plusieurs vagues d’apprenants, fait ce constat : « plus de 95 % de personnes formées ne vont pas au-delà d’une ou deux expérimentations. Ou alors ils élèvent  de temps en temps 1 ou 2 bacs de Foss. Ce qui est très insuffisant. Les fermes construites sont presqu’à l’abandon » explique-t-il.  Les rendements d’élevage sont pointés du doigt: « Après plusieurs expérimentations, les productions restent faibles et à la limite aléatoires. » Révèle Serge Kamga.

La récolte traditionnelle inonde les marchés de Yaoundé

Nkada, un éleveur de Foss basé à Douala estime que l’activité cherche encore ses repères : « les techniques  d’élevage des hannetons de beaucoup d’éleveurs en sont encore au stade des recherches personnelles, car ils n’ont pas encore trouvé la meilleure technique de production qui les satisfait en tous points de vue »  affirme-t-il.

Dans les principaux marchés de Yaoundé, les commerçantes dans leur grande majorité sont ravitaillées par les produits de la récolte traditionnelle provenant des localités d’Abong-Mbang, Ayos, Akonolinga ou Ngoumou. L’offre en vers blancs est appréciable,  la saison sèche qui se vit actuellement s’y prête car cette collecte se fait dans des marécages asséchés. Ce commerce est généralement associé à celui du poisson d’eau douce.

Mais en saison des pluies, la récolte traditionnelle est en berne et l’activité peut être plus favorable à ceux qui élèvent. Ce serait peut-être  cette période où il y a moins de concurrence  qui est  attendue par certains d’entre eux pour relancer leur production et présenter un meilleur visage.

Irénée Modeste Bidima

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