Fogoh John Muafor, pionnier de la recherche sur l’élevage des hannetons.
« Je suis l’une des toutes premières personnes à avoir réfléchi sur l’éventualité d’élever les hannetons : c’était en 2014. Je suis Ingénieur des Eaux et forêt de formation. Etant employé cadre au Minfof, j’ai contribué avec d’autres chercheurs à la création d’une ONG locale dénommée Living Forest Trust (LIFT). Notre domaine d’intervention était la valorisation des produits forestiers non ligneux pour l’amélioration des conditions de vie des communautés afin de mieux conserver la biodiversité.
Grâce à des appuis multiformes de plusieurs organisations telles que de l’Institut pour la Recherche et le Développement (IRD), le Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) et l’Agence Française de Développement (AFD), nous avons pu mener des recherches sur l’élevage des hannetons. Ceci à travers une ferme expérimentale que nous avons construite à Obout près de Mbalmayo.
Nous avons fait les expérimentations avec les paysans de cette localité. Les meilleurs résultats ont été obtenus en élevant les hannetons avec le raphia, dans des box appropriés. C’est cette technique que nous que nous avons mis en place pour l’élevage des hannetons. Avec celle-ci, les rendements étaient déjà appréciables. A titre d’exemple, pour 1 ou 2 couples qu’on mettait dans un box, les paysans avec lesquels on travaillait parvenaient à récolter 60 à 80 Foss. On a même eu 150 Foss dans certains box.
Cette technique d’élevage a aussi permis aussi de réaliser des progrès sur le plan environnemental car nous avons mené des études qui nous ont montré qu’elle réduit de 4 fois la quantité de raphia qui est coupée.
Mais malgré ces avancées enregistrées, nous de la recherche pensons que cette technique d’élevage n’est pas encore à son terme et doit encore être améliorée avant sa dissémination. Il faut s’investir davantage d’efforts pour améliorer les rendements et intégrer un grand nombre des sous-produits de l’industrie pour remplacer le raphia. Il s’agit aussi développer le volet de la transformation.
Malheureusement, nous avons vu les choses évoluer différemment. Des gens élèvent avec des noix de coco, avec la provende, etc. Ce sont des approches que je ne condamne pas, j’aimerais rencontrer ces personnes et discuter avec elles, connaître leurs performances.
Dans la vie, il faut toujours faire les choses correctement et ne pas tromper les gens Si quelqu’un fait de la recherche personnelle sur les vers blancs, cela est encourageant. Mais si tu dis que tu formes les gens, en utilisant des techniques qui n’ont pas encore suffisamment fais leurs preuves ou qu’on ne maîtrise pas, cela est dommageable. Je comprends pourquoi il y a autant d’échecs. »
Propos recueillis par Irénée Modeste BIDIMA