Le pays dispose pourtant du 2 e potentiel hydroélectrique en Afrique subsaharienne
après la RDC.
Evalué à 13 700 Mégawatts, le Cameroun parvient à peine à exploiter 20 % de ses potentialités. «Malgré la réforme intervenue dans le secteur de l’électricité en 1998 et tous les efforts entrepris par les pouvoirs publics, le taux d’accès à l’électricité au Cameroun reste
encore en deçà de la moyenne, soit 48%, avec des grandes disparités entre le milieu rural à 25% et 65% en milieu urbain » s’était exprimé l’ex ministre de l’Eau et de l’Energie Basile Atangana Kouna en 2017.
Serge Henri Kelbe, spécialiste des énergies renouvelables et promoteur de l’entreprise Matrix
Power, est formel : «Il y a une timide volonté politique de développer réellement les énergies
renouvelables, et les habitudes ont la peau dure. Le Cameroun a misé sur l’hydroélectricité,
les barrages, mais ce sont généralement des infrastructures lourdes qui nécessitent beaucoup
de paperasse, il faut faire des études d’impact environnemental, il faut déguerpir les gens,
etc. Nous sommes restés figés sur l’hydroélectricité, au lieu de rationaliser nos différents
potentiels de production de l’électricité » explique t-il.
Pour cet ingénieur formé à Québec au Canada, il est temps que le Cameroun puisse
développer les autres types d’énergies renouvelables : « Il nous faut une politique qui
régionalise l’exploitation de nos différentes ressources. Vous ne pouvez pas être à Douala, et
produire de l’électricité pour la transporter et la consommer à Ebolowa. Il faut avoir une
politique qui vise à rendre les communes plus autonomes énergétiquement, pour développer
sur place des pôles de production de l’énergie dans les zones rurales. Dans le Septentrion,
développons des énergies propices au solaire, à l’Ouest on peut développer les énergies de
type éolien ou hydroélectricité, nous avons une grande plage qui va de Kribi à Limbé où l’on
peut développer les éoliennes. Il nous faut une politique qui vise à adapter chaque région
avec un type d’énergie pour qu’on ait moins de gaspillage, moins de perte au bout de la
ligne. »
La nécessité d’une loi sur les énergies renouvelables
D’après l’ONG Global Village Cameroun (GVC), qui a fait un état des lieux des énergies
renouvelables au Cameroun en 2012, le Cameroun n’a pas une politique formelle avec un
objectif précis à atteindre. La politique sur les énergies renouvelables reste diffuse et il
manque une loi spécifique consacrée aux énergies renouvelables. Les énergies renouvelables
sont régies par la loi sur l’électricité. Le cadre juridique et réglementaire reste donc à
renforcer.
A l’actif des pouvoirs publics, l’on peut citer l’implémentation en cours du projet
d’électrification de 350 localités par systèmes solaires photovoltaïques, qui consiste à réaliser
des mini-centrales de 30 à 200 kw avec l’appui financier et technique de Huawei. La Société
Nationale de transport d’électricité (Sonatrel) a été créée afin d’améliorer le réseau de
transport et de distribution de l’électricité, et mettre fin aux pertes d’énergie. Une direction
des énergies renouvelables a été crée au sein du ministère de tutelle et ’état exonère de TVA
le matériel importé pour l’installation des plaques solaires.
Françis Nguélé