Le soleil levant reste à la traîne dans ce domaine, malgré un environnement
extrêmement favorable et un déficit énergétique criard.
La région de l’Est est dotée d’un fort potentiel de développement des énergies renouvelables
qui reste malheureusement dominé par l’hydroélectricité, elle-même présentant depuis une
dizaine d’années de sérieux signes d’essoufflement dans cette partie du pays. L’on ne compte
plus les nombreux délestages et coupures d’électricité subis au quotidien par la capitale
régionale Bertoua et les localités avoisinantes. Les yeux restent rivés sur la future usine sur
pied du barrage de Lom-Pangar qui sera opérationnelle dans environ 2 ans et ne fournira que
30 méga volts d’énergie incapables d’alimenter toute cette région. Sans parler de l’éternel
problème d’acheminement jusqu’aux utilisateurs, car d’après des experts : « 40% de cette
énergie est généralement perdue au Cameroun à cause de la défectuosité du réseau de
transport et de distribution ».
Des alternatives fiables existent. Pour Bienvenu Essomba, président du Collectif Mégawatt,
un regroupement des syndicats d’électricité au Cameroun : « « la construction des barrages
est la solution de facilité pour les décideurs ». Il incrimine aussi les partenaires financiers et
les bailleurs de fonds. Pour lui, « les autres énergies renouvelables en dehors de
l’hydroélectricité ne rapportent pas grand-chose à ces argentiers. Ils sont plus enclin à
financer une centrale hydroélectrique qui coûte des centaines de milliards F CFA pour faire
fructifier leur argent, au lieu de financer des centrales solaires qui coûtent 10 ou 15 milliards
de F CFA. 100 milliards de F CFA peuvent servir à créer une multitude de centre de
production d’énergie renouvelables à l’Est rapprochées de leurs utilisateurs » explique-t-il.
Valoriser davantage l’énergie solaire et la biomasse
Parlant de l’énergie solaire, l’on compte à peine des villes de l’Est disposant ne serait-ce que
des plaques photovoltaïques pour assurer l’éclairage publique à l’instar de Gari Gombo,
Batouri, Ndélélé, Kentzou pour ne citer que celles-là. Le grand réflexe pour des structures
étatiques, des sociétés forestières et même des ménages est de s’acheter des groupes
électrogènes quand ils en ont les ressources financières. La mise en place d’une mini-centrale
photovoltaïque pour alimenter le marché moderne de Bertoua nouvellement construit en
énergie électrique est aussi une réalisation louable.
En plus de l’énergie solaire, la région de l’Est devrait également davantage s’appuyer dans
l’exploitation de la biomasse. La biomasse désigne tout procédé de production d’énergie par
transformation chimique ou combustion des matières organiques d’origine végétale ou
animale. Au Cameroun, elle est davantage usitée par des industries agro-alimentaires telles
que la Sosucam, qui produit de l’énergie pour faire tourner ses usines grâce à la combustion
des déchets de canne à sucre. D’après Bienvenu Essomba : « A l’Est, nous avons beaucoup de
résidus de bois issus des sociétés forestières dont on peut se servir pour produire de
l’électricité à moindre coût. Il y a aussi une importante quantité de déchets agricoles
notamment des coques de cacao, des coques de palmiste, de rafles de maïs qu’on jette alors
qu’ailleurs dans on les utilise pour produire de l’électricité » argumente-t-il.
En perspective, l’entreprise Eneo à travers son “Programme solaire” envisage de construire
des centrales solaires à Lomié, Bertoua et Yokadouma pour renforcer l’offre énergétique de la
région de l’Est. Mais le chemin à parcourir dans l’implantation à grande échelle des énergies
renouvelables dans la région reste titanesque.