Ces producteurs de maïs basés à une vingtaine de km de Bertoua ont trouvé des
alternatives pour bien produire cette céréale malgré le dérèglement climatique.
A cause du raccourcissement des saisons de pluie lié aux changements climatiques, ces
paysans préfèrent cultiver des variétés de maïs à cycle végétatif court qui vont de 80 à 90
jours. Parmi les variétés les plus usitées, il y a la CMS-9015 de couleur blanche qui met au
plus 95 jours en champ ; la CMS-8806 de couleur jaune qui a une durée d’environ 95 jours, la
TZEE-W de couleur blanche qui met 85 jours ; la variété Pannar qui produit après environ 90
jours. En termes de résistance au stress hydrique et aux parasites, la Pannar sort largement du
lot. « La Pannar est une variété hybride qui nous vient d’Afrique du Sud. Elle a des
rendements de plus de 8 tonnes à l’hectare mais sa semence coûte plus cher et les conditions
de culture sont plus exigeantes. Elle a aussi un très bon taux de germination, ce qui nous évite
d’avoir beaucoup de manquants à remplacer » affirme Boki Simplice, maïsiculteur de Beul à
environ 5 km de Dimako.
L’autre obstacle auquel font face les producteurs de maïs à cause des changements
climatiques, c’est les trous de sécheresse c’est-à-dire l’arrêt brutal des pluies pendant 8 à 10
jours. « Cela engendre non seulement des retards de croissance qui ont des répercussions sur
la production au bout de la chaîne, mais des conséquences en terme d’attaques d’insectes »
explique Nando claire, une productrice de la zone.
Le buttage de tiges de maïs pour faire face aux trous de sécheresse
L’installation d’un système d’irrigation est la solution la plus appropriée contre les trous de
sécheresse. Très peu d’agriculteurs en disposent dans leurs parcelles, mais une pratique
culturale utilisée leur permet d’atténuer les effets des trous de sécheresse. « Par anticipation,
nous procédons très tôt au buttage du maïs, en augmentant de la terre sur les tiges. Cela
permet au sol de conserver un peu plus longtemps de l’eau, qui est indispensable à la
croissance de la plante » déclare Nando Claire.
Pour solutionner le manque d’eau, une nouvelle technique est en phase d’expérimentation par
quelques agriculteurs, c’est l’utilisation de la pluie solide. La pluie solide est une substance
découverte en 2015 au Mexique. Elle ressemble à de minuscules billes blanches. Ces billes
ont la capacité d’absorber de l’eau jusqu’à 500 fois leur poids et les relâcher à la plante au fur-
et-mesure qu’elle en a besoin. « Nous avons utilisé la pluie solide sur une petite parcelle, et
nous avons obtenu une très bonne production. Nous sommes partants pour l’utiliser à grande
échelle mais nous sommes limités par son coût qui n’est pas encore très accessible. Les
bénéfices dans la culture du maïs ne sont pas très importants à cause des nombreuses
charges » justifie Boki Simplice.
Des chenilles dites légionnaires qui ont causé des ravages dans des nombreux pays africains
n’ont pas épargné ces producteurs de Dimako. Surtout ceux qui utilisaient un outillage
rudimentaire. « Ce n’est pas facile de gérer une invasion de chenilles avec des pulvérisateurs.
Il faut avoir au moins des atomiseurs pour pouvoir faire efficacement à ces insectes. C’est un
ravageur qui résiste aux produits chimiques. Nous en sommes venus à bout en utilisant des
insecticides Onex 30, Caïman B 50 et surtout Doyen 62 EC qui est un insecticide binaire à
large spectre dont la matière active est l’emamectine. Mais il faut les épandre au plus tard 2
semaines avant les récoltes » explique Nando Claire.
Des expériences suffisantes pour montrer que les changements climatiques ne sont pas une
fatalité.
Francis Nguélé.