L’entreprise agro industrielle de production de caoutchouc a tenté d’enfouir une importante quantité d’ammoniac sur les rives de la Lokoundjé.
Selon le journal le Messager du 13 Mai 2020, c’est une véritable catastrophe environnementale qui a été évitée de justesse le 30 Avril dernier à Ebea dans la commune de Lokoundjé, département de l’Océan dans la région du Sud Cameroun. Les habitants de cette localité ont surpris des employés relevant de ladite entreprise en pleine tentative d’enfouissement de plus de 500 bonbonnes de ce gaz toxique sur les rives du fleuve Lokoundjé. Vandelin Nkoa le maire de la commune de Lokoundjé déclare : « J’ai été informé qu’une société s’apprêtait à enfouir des déchets toxiques dans le village Ebea, au bord du fleuve Lokoundjé. Je me suis immédiatement déporté sur les lieux pour m’enquérir de la situation ». Le magistrat municipal et son équipe découvriront en pleine forêt un grand site emménagé près du cours d’eau, où des ouvriers à l’aide des engins s’activent à creuser des fosses pour dissimuler le macabre stock. Ne disposant pas de document administratif ou technique, l’équipe sur place a été sommée d’arrêter l’opération.
D’après le récit de notre confrère, la société Hévécam a passé un marché pour se débarrasser de ces déchets plutôt encombrants. Le marché est acquis par la société Besti. C’est donc cette dernière qui va transporter le demi-millier de bouteilles depuis les plantations d’hévéa dans l’arrondissement de Nye’été, jusqu’aux rives du fleuve Lokoundjé.
Cette énième tentative de déversement en catimini des déchets toxiques dans la nature remet sur la sellette l’épineuse problématique de la gestion et du traitement des déchets industriels.
L’ammoniac est principalement utilisé dans l’industrie, il sert entre autres usages à la production des engrais azotés pour l’agriculture où il favorise la croissance des plantes. L’ammoniac sous toutes ses formes est toxique. Mortel à haute dose, ce produit peut causer, par ingestion ou au contact, des brûlures, des douleurs abdominales et des évanouissements. Ainsi il est conseillé de diluer le produit dans une grande quantité d’eau avant une utilisation domestique. L’ammoniac est aussi responsable de l’eutrophisation, une forme naturelle de pollution, créée par l’accumulation de nutriments. De plus, lorsqu’il est rejeté dans l’atmosphère, l’ammoniac est à l’origine d’une grande partie de l’acidification de l’eau et du sol.
Qu’adviendra t-il donc finalement de cet importante cargaison d’ammoniac polluante qui a failli être déversée à Ebea et dont personne n’en veut plus. Il est pour l’instant prématuré de répondre à cette question.
Irénée Modeste Bidima
